Tram rapide Exemple du corridor entre Esch-sur-Alzette et Luxembourg-Ville

Un premier corridor de transport, celui longeant l’autoroute A4 entre Esch-sur-Alzette et la Ville de Luxembourg, est en cours d’analyse à l’horizon 2035.

1. Constat

  • Il s’agit du corridor qui relie les deux plus grandes agglomérations du pays, Agglo LUX et Agglo SUD.
  • En raison de l’emplacement excentré des arrêts et du tracé via Bettembourg, la ligne 60 des CFL n’est pas concurrentielle par rapport à la voiture sur un certain nombre de liaisons qui seront importantes en 2035, par exemple entre les quartiers nord d’Esch et le sud-ouest de la capitale, deux secteurs qui ont vocation à se développer de façon significative.
  • En 2018, aux heures de pointe, un bus circule environ toutes les trois minutes sur l’autoroute A4 pour un total de 5.500 passagers par jour. Les bus sont pris dans les bouchons au quotidien.

2. Demande en 2035

  • Même si, par jour et par sens de circulation, 15.000 voyageurs supplémentaires étaient reportés sur la ligne 60 des CFL et si 10.000 passagers supplémentaires faisaient du covoiturage sur l’A4, au moins 15.000 déplacements resteraient à reporter sur les transports en commun et la liaison cyclable express le long de l’A4 (calcul basé sur un scénario de croissance moyenne du Statec).
  • Pour inciter un tel nombre de personnes à utiliser les transports en commun le long de l’A4, il faudra une connexion aussi rapide que possible et idéalement directe avec le Kirchberg, avec la possibilité d’atteindre les autres pôles d’intérêt de la capitale avec un seul changement.

3. Contraintes et opportunités

  • Le goulot d’étranglement formé par la zone de protection des oiseaux Natura 2000 au niveau du Leidelengerbësch imposera probablement un choix quant aux modes à favoriser.
  • Du côté de Luxembourg-Ville, les projets des boulevards de Cessange et de Merl permettront de prolonger l’axe sur un site propre, tout en desservant ces nouveaux quartiers.
  • Un site propre pour bus en cours de planification entre les échangeurs Lankelz et Foetz aidera à rabattre une partie de la demande diffuse sur un probable pôle d’échange à Foetz.
  • L’urbanisation des friches industrielles d’Esch-Schifflange pourrait être structurée par un mode de transport très performant.

 

4. Choix du mode de transport principal

Trois alternatives ont été analysées pour atteindre l’objectif minimal
de 30 000 déplacements par jour pour les deux sens de circulation:

  • Un système d’autocars en site propre sur l’A4 aurait une capacité insuffisante à l’horizon 2035 et ne serait attractif que si un très grand nombre de bus desservait directement les pôles d’attraction au coeur de la capitale, ce qui est contraire à la politique des transports de la Ville.
  • Un axe de métro ou de monorail serait paradoxalement à la fois très largement surdimensionné par rapport à la demande et aurait un potentiel de passagers inférieur à un système routier puisqu’un mode de transport souterrain ou sur pilotis ne pourrait pas desservir tous les pôles d’attraction des deux agglomérations.
  • La mise en place d’un axe de tram "rapide" permettrait de desservir finement les zones urbanisées aux deux bouts du corridor, tout en assurant une vitesse suffisante (environ 100 km/h) le long du corridor A4 pour proposer des temps de parcours attractifs. De l’extérieur, le matériel roulant peut être identique à un tram purement urbain, la seule différence étant la motorisation et les freins. Ce système offrirait une capacité suffisante et pourrait être intégré dans le réseau de tram de la Ville de Luxembourg. Du côté sud du corridor, un tel système permettrait de desservir les principaux pôles de développement (friches Esch-Schifflange, Lallange, Belval, etc.), de proposer des relations directes et rapides avec la Ville de Luxembourg et de servir d’axe structurant pour la partie de l’agglomération Sud avec la plus forte demande de déplacements.

5. Choix du concept multimodal et phasage proposés

Un phasage permettra d’offrir une solution à moyen terme en attendant la mise en place du tram "rapide" à l’horizon 2035.

  • À moyen terme, la desserte sera assurée par un système de plusieurs lignes de bus à niveau de service élevé qui, depuis plusieurs centralités au sud du pays et de la région frontalière, rejoindront deux ou trois terminus au niveau de l’agglomération de la Ville de Luxembourg. La possibilité de passer d’une ligne à l’autre à hauteur de l’agglomération eschoise devra être offerte afin de multiplier les origines-destinations possibles. Ces lignes profiteront des infrastructures dédiées aux bus prévues entre les échangeurs de Lankelz et Foetz et possiblement d’autres mesures de priorisation entre Foetz et Leudelange. Parallèlement, un itinéraire cyclable express sera mis en place. Il permettra de relier Belval, Esch et Schifflange au réseau cyclable de la Ville de Luxembourg à Hollerich et à la Cloche d’Or. Au vu des goulots d’étranglement urbanistiques et environnementaux notamment entre Foetz et Leudelange, le tracé et le gabarit nécessaires pour le tram "rapide" devront être réservés dans toute planification pour le moyen terme.
  • À l’horizon 2035, le tram "rapide" pourra relier Belval au site des friches de Esch-Schifflange et au réseau de tram de la Ville de Luxembourg. Le type et le lieu de connexion précis au niveau de la Ville de Luxembourg restent à préciser en fonction des étapes de développement du réseau de tram et des contraintes d’exploitation. Afin de garantir l’accessibilité des autres localités au tram "rapide", un pôle d’échange sera à prévoir dans la région de Foetz pour permettre un rabattement des lignes de bus à un endroit où la desserte fine, et donc plus lente, de la zone urbaine d’Esch n’impactera plus le temps de parcours. À cette fin, les sites propres pour bus le long de l’A4 entre Lankelz et Foetz garderont leur utilité.

Impact

La mise en place de ce concept multimodal très performant entre les deux principales agglomérations du pays créera un axe de transport structurant. La perspective même d’une telle mise en oeuvre facilitera, dans les années et décennies à venir, un développement plus organisé et plus harmonieux du territoire. La croissance démographique et la croissance économique dans les deux agglomérations seront progressivement découplées des problèmes de trafic que le pays connaît en 2018. Selon le schéma d’exploitation du réseau de tram, des connexions directes emblématiques sont imaginables: CHEM – CHL, Uni Belval – Uni Kirchberg, Esch-sur-Alzette – Findel, etc.

La suite?

Cette analyse du corridor entre Esch-sur-Alzette et la Ville de Luxembourg, qui reste à affiner, constitue la première pièce du puzzle sur lequel le MDDI a commencé à travailler pour l’ensemble du territoire, l’objectif étant de formuler un concept multimodal cohérent pour la mobilité du Grand-Duché et des régions frontalières à l’horizon 2035.

 

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